Avec Bel, fini le fromage…

Posté par gramier le 8 juillet 2011

jeanpierrebel.jpg

Les manœuvres populistes ont commencé. La bataille pour le renouvellement du tiers du Sénat est déjà depuis longtemps lancée… Et oui Madame, c’est pour octobre.

Il est difficile de dire aujourd’hui ce que donnera le résultat, mais, du fait de la majorité de gauche des « grands électeurs » – conseillers municipaux, généraux et régionaux –, le Parti Socialiste peut rêver sans prendre un risque énorme, obtenir la majorité à la Chambre Haute, ce qui serait la toute première fois dans l’Histoire de la Cinquième République.

On comprendra que ces mêmes socialistes veuillent à tout prix cette victoire. Elle laisserait présager de l’issue des deux élections – présidentielle et législative – de 2012, même si pour l’instant, avec ou sans Sénat à gauche, la défaite de Sarkozy semble inéluctable… Mais la messe n’étant pas encore dite, ce serait assurément une victoire retentissante. Elle permettrait notamment d’accentuer un peu plus encore le mouvement de « démocratisation » du pays – la droite étant antidémocratique, cela va de soi, on ne peut donc opposer à « droitisation » que le terme « démocratisation » – et surtout, en cas de victoire de Hollande et d’Assemblée Nationale à gauche – mouvement mécanique désormais avec le quinquennat – ce Sénat complaisant apporterait une plus grande efficacité au travail législatif, les textes de lois éviteraient de faire des navettes assez contingentantes entre les deux Assemblées avant d’être adoptés en dernière lecture par les députés.

Le Sénat était, à l’origine, un garde-fou de la droite conservatrice qui pensait que les campagnes seraient toujours de leur côté et de ce fait, le poids des élus des plus petites comme des plus grandes communes, des moins comme des plus peuplés des départements, ayant le même poids, la balance pencherait toujours du côté bleu.

Sentant un vent de changement souffler sur l’avenir proche, Jean-Pierre Bel et Nicole Bricq, socialistes, Jean Arthuis et  François Zocchetto, centristes du centre, ont sauté sur une nouvelle occasion qui s’offrait à eux, pour montrer combien il était temps que change le vénérable Sénat.

Haro sur les privilèges, encore et toujours. Il s’agit cette fois-ci d’une prime d’un peu plus de trois milles petits euros correspondant à « un rattrapage exceptionnel sur un complément d’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) versé en une seule fois fin juin« . Amen.

Bel, en bon socialiste, eut tôt fait de se faire le « Ayrault » du renoncement à cette prime odieuse, alors que les Français souffrent, que la crise gagne, que l’Etat s’endette chaque jour un peu plus, que la vie coûte chaque jour un peu plus. Les trois autres révolutionnaires lui ont naturellement emboîté le pas, au nom de l’éthique sénatoriale.

Vous comprendrez que les arguments sont plus que recevables. Surtout lorsque l’on a eu vent, pour celui que cela intéresse, des mensonges du sénateur et grand gourmet Jean-Marc Pastor, questeur, dont les notes de frais étaient peu recevables et qui fit tout, jusqu’à un faux, pour essayer de ne pas avoir à rembourser les deux milles euros litigieux. Mais ce qui est détestable dans l’histoire qui nous occupe, c’est, comme toujours, cette fausse « irréprochabilité » que la gauche et les centristes brandissent en message à une France mal dans sa peau, voulant ainsi faire passer les adversaires pour « malhonnêtes » comme si besoin était… face à eux, les garants incorruptibles de l’Honnêteté républicaine. De Bayrou à Hollande, on assiste à une vraie bataille de camelots de marché marseillais, pour convaincre le chaland incrédule et revenu de tout, qu’avec eux, au moins, les couverts ne seront plus en argent ni les verres en cristal, comme c’est le cas avec la droite, mais, respectivement, en Inox et en Duralex : plus « peuple », inoxydables et incassables.

Mais en fin de comptes, la sauce sera la même. Croient-ils réellement que leurs numéros d’oies blanches soient crédibles une seule seconde ? Car, pour filer la métaphore, quelque soit la couleur de la cuisine, les casseroles, en étain comme en cuivre, s’y trouvent en batteries. On peut affirmer sans peur de se tromper, qu’elles sont tout aussi encalminées et tâchées de restes du grand festin éternel des tables de la République, les plats à gratin et les sauciers n’ont pas chômé d’un côté comme de l’autre. En cherchant bien, on peut même retrouver des denrées légèrement à la date de péremption légèrement dépassée, voire moisies, des plats sales cachés sous l’évier et des cafards bien gras.

Le plus grand problème que tout cela soulève, c’est que, malgré l’honnêteté qui devrait certes primer, ce genre de discours et arguments de campagnes stupides donnent de l’eau au moulin du principe partagé par beaucoup de nos concitoyens du « tous pourris et profiteurs » – auquel nous participons, par ce blog, mais comme personne ne le lit, nous nous sentons dédouanés de tout devoir de retenue. Ce qui est faux. Le métier d’homme politique demande des compétences exceptionnelles, le plus souvent. Ça ne servira, surtout, qu’à dissuader un peu plus les prochains talents qui préfèreront, plutôt que de se lancer en politique, avec les sacrifices que cela demande, comme le suggère Barbier ce matin, et comme nous le disions quelques articles auparavant (voir ici), aller vers le privé, pour des postes bien mieux rémunérés et beaucoup moins exposés.

Le risque est donc, à terme, que la chute des revenus des élus, se double de celle de la qualité même de ces élus, n’en déplaise aux tenants de l’immarcescible « Regardez-moi ce incapables, moi si j’étais à leur place, …» qui vient faire écho à « Picasso c’est moche, même mon fils de trois ans ferait mieux » et au « J’adore la dernière ballade de Raphaël ».

Trois mille euros, multipliés par 343 sénatrices et sénateurs, ça ne va pas bien au-delà du million… Cette position courageuse sera naturellement, pour Jean-Pierre Bel, futur président de ce Sénat, une marche de plus vers le perchoir, mais tout comme les footballeurs renonçant à leurs primes… on sait qu’entre aujourd’hui et demain, d’autres arrangements moins voyants, moins médiatisés, seront tout aussi vite trouvés, et, sans que cela soit normal ou anormal, nous conclurons en disant, benoîtement, ce que c’est tout simplement « comme ça » .

Publié dans Jean-Pierre Bel, Senat | Pas de Commentaire »

 

bucephal77500 |
Séjour solidaire entre géné... |
vivre autrement |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Constitution Marocaine
| RCD game over
| Les bonnes manières .