La force comique, Hollande Président
Posté par gramier le 28 août 2011
En plus d’être une époque d’abondance retrouvée et de réconciliation d’une société meurtrie par cinq années de divisions sarkozystes, le quinquennat du Président Hollande sera un quinquennat comique.
Quelle chance! L’ancien secrétaire du PS est jovial, nous le savions. Le candidat normal, comme tout citoyen normal, porte la bonhommie rassurante du bon copain qui vient d’écouter les bouvardiennes Grosses Têtes sur RTL et qui se radine, hilare, méditant la tournure la plus drôle d’une bonne blague d’Amanda Lear à raconter aux potes. Mais aujourd’hui, depuis cette belle Rochelle, imprenable havre de toutes les luttes multiséculaires contre l’absolutisme, il nous a donné un cours de dramaturgie tragi-comique digne de Stanislavski autant que de Francis Lalanne, chanteur révolté et à textes.
Notre ex-Sancho Panza devenu Don Quichotte, a manié, avec une meastria toute sienne, l’ironie envers les riches de manière burlesque, au plus grand bonheur d’une salle de supporters en délire. Car à candidature burlesque, pantomime burlesque, cela va de soi. Notre François-Baboeuf, Saint-Just cheap au charisme d’une ampoule à baïonnette grillée, n’aime pas les riches, de sept à soixante-dix-sept ans, de cinquante milles à 10 millions par an, les possédants, les nantis, en sommes, ces sangsues qui gangrènent la société par leur âpreté au gain coupable. Avec des accents proudhoniens ringards, notre comique troupier socialiste, député, président de conseil général, conseiller à la cour des comptes, et futur président au RSA, a improvisé sur un air de mash up entre « La Carmagnole » et « La Fée » de sa chanteuse préférée Zaz. Cherchant ses mots, comme il sait si bien le faire, mais sauvé par ses talents d’orateur gagnés dans un Kinder Surprise – quand il en mangeait encore – il nous décrit comment les riches cupides veulent donner l’impression qu’ils partagent. Mais il prend soin, avec la finesse d’une chaussure de sécurité, de souligner combien cela n’est que poudre aux yeux, aumône dérisoire d’une ploutocratie sentant le vent tourner et la menace socialiste obscurcir leur ciel bleu UMP sans nuage, aumône insultante et cynique, quelques chaloupes percées et lancées à la majorité des classes inférieures d’un paquebot France au destin « titanique ».
Il termine, ravi de ses effets de manche courte, par un « Qu’ils se rassurent (ces riches qui veulent payer plus d’impôts, ndlr) nous arrivons ! ». Et vraiment, voir la béatitude qui éclaire ce visage radieux de personnage de fait divers, ce profile de dindon gras, lecteur de Dukan, devenu chef de basse-cour depuis que le coq est mort, gloussant de bonheur au vu de l’hilarité que provoque sa rhétorique de série AB Production chez un public qui ne rit que parce qu’il ne peut pleurer, qui l’acclame parce qu’il ne peut le huer, qui survit malgré l’envie de suicide-collectif qui le prend lorsqu’une réminiscence stauss-khanienne vient titillé son esprit affligé et qu’il ose, malgré les risques, se rendre compte de la médiocrité du choix qu’on lui laisse – Aubry, Hollande, Royal –, alors, oui, voir cette béatitude donne un plaisir immense, une irrépressible envie de se repasser cet extrait d’un discours qui laissera autant de trace dans l’histoire des Universités d’été de La Rochelle, qu’un tatoo Malabar sur la paume d’un plongeur de brasserie qui a percé ses gants. Il se voit déjà tutoyant Obama, ricanant avec Dilma Roussef à propos de la taille de Sarkozy, et c’est bon, il jubile… nous aussi.
C’en est même meilleur quand on sait, on voit, on sent, que pour l’imposture, nul n’est tenu de voter, et que les clowns, même les plus talentueux, ne font rire que parce qu’ils ont cette tristesse émouvante, car grotesque et inoffensive, des perdants auto-dérisoires qu’on aime bien. Hollande-Bozo, dans l’arène socialiste, oui, c’est joyeux, la bouffonnerie y étant devenue la règle coutumière, mais être Président de la République ressort plus du numéro de haute voltige que du risible. Sa frustration de ne jamais avoir pu intégrer « La Classe » de Fabrice, ne signifie pas qu’il puisse croire que ses sketchs lamentables de GO du VVF de Champs-sur-Tarentaine dans le Cantal lui permettent, ne serait-ce qu’un seul instant, de faire suivre son courrier du 10, rue Felix Vidalin, à Tulles, au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. Un sketch à 6/10 pour égayer une primaire guignolesque et sûrement, très vite grandguignolesque comme à l’accoutumée, c’est encourageant car on sait au moins qu’une telle mascarade ne peut qu’en rester une ! C’est en tout cas, ce que l’on espère…
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