La morale du fond de casserole…

Posté par gramier le 10 mai 2011

Quelle joie que d’entendre les hommes politiques s’exprimer, que dis-je s’exprimer, s’empêtrer dans des explications calamiteuses au sujet des excursions panamérennes de DSK. 

Dimanche, l’ami Bayrou, face aux tirs de mortier du Calife Elkabach nous donnait un bel exemple de ce mal-être du sauceur. Monsieur Mamounia demandait, en effet, de manière sibylline, ce que l’élu palois, le moraliste, l’ami de Mitterrand, élu par les dieux pour veiller au destin de la France – pas par les Français, malheureusement pour lui… on devrait pourtant être plus attentif aux messages des dieux parlant au travers de la Pythie Marielle de Sarnez en transe, baignée de lumière orange, qui nous répète depuis des années déjà que l’Elu c’est Bayrou et pas un autre… ce que l’on peut être aveugles parfois, nous, électeurs !!! – ce que l’homme qui roule en Massey Fergusson pensait de l’affaire « Porsche Tranquille » et, au-delà, de ce sentiment que peuvent avoir les Français d’une classe de privilégiés bien éloignés de leur quotidien. Pensez-vous ! Elkabach, presque fourbe, allait même jusqu’à faire allusion aux chevaux de course qui font la passion du disc dur du Modem. 

Embarrassé, l’homme ne se démontait pourtant pas et nous parlait de moralisation, de besoin de rapprocher les fonctions électives de la réalité de ceux dont elles appellent l’administration, de briser la paroi de verre… 

La moralisation de la politique, héhéhé ! Thème que l’on pourrait décliné en des modes infinis tant il est délicieux, sans qu’on s’en lasse. Même la sortie de l’Euro pour relancer l’économie – stupidité absolue, s’il en est – semble moins démago que la moralisation de la vie politique et le projet de faire de la classe des élus, une catégorie de citoyens « normale ». Car l’élu n’est pas normal, sinon il ne serait pas élu. L’élu est, de fait, un sauceur mais il a raison sinon il ne serait pas non plus l’élu. La combativité que donne la sauce est parfois bien plus grande que le souffle des convictions. 

On peut tout à fait croire à la passion du changement social de certains d’entre eux, et notamment ceux dont les fonctions apportent plus de tracas de que sauce au safran – un conseiller municipal en charge de la voirie à Louhans en Saône et Loire est peut-être moins bien loti qu’un Président du Groupe d’amitié France-Dubaï à l’Assemblée –, mais plus on monte dans les étages de responsabilités, plus il est difficile d’être uniquement mu par la volonté bonne de faire changer les choses. 

Pour notre part cela ne nous choque pas. Ce qui nous choque a contrario c’est : 1.      la naïveté délirante des Français quant à la possibilité d’un monde politique en dehors du monde du spectacle – les Français raffolent de ces gaudrioles politiciennes et aiment les batailles de ses hommes et ces femmes pour garder leur poste : on ne peut pas demander à quelqu’un de nous faire rêver, de ne pas dormir, d’apprendre ses textes par cœur, de se lever extrêmement tôt, se coucher tout aussi tard, d’aller nous serrer la main sur les marchés, de répondre à nos angoisses semblables à celles d’hier et égales à celles de demain, en gros, on ne peut demander à quelqu’un d’exercer sa profession, de concourir, car la politique est un métier à part entière, et ensuite venir nous plaindre de devoir payer la note une fois qu’il nous a convaincu, alors qu’il a fait ce qu’on lui avait demandé!!! 2.      la complaisance des journalistes qui osent dénoncer tout cela alors qu’ils en vivent – Edwy a de la sauce plein la moustache, Joffrin, la barbe toute souillée de béarnaise – et qu’eux non plus n’hésitent jamais à se faire inviter par leur indic du milieu – content donc de profiter indirectement des généreuses notes de sauce de
la République. 

Nous comprenons que les fins de mois difficiles n’aident pas à porter un regard serein sur ces privilèges. Mais à l’aube de ces campagnes qui arrivent, le plus grave serait de laisser s’engluer le débat dans ce poncif, de rechercher le candidat le plus irréprochable. Le maître étalon « pureté des intentions » appelle le vote extrême, et quelques années plus tard, la honte d’avoir été si con. Le sauceur bon enfant est loin la folie des passions. Il faut s’habituer à la sauce. Saucer s’apprend, c’est un métier. Mieux vaut parfois un homme politique pensant à sa réélection qu’un homme politique emballé et exalté. Mais l’envie de rester prêt du plat n’empêche pas l’audace, l’immobilisme n’est pas une assurance « majorité au scrutin suivant », loin de là. 

Cette campagne sera sûrement du « je te tiens, tu me tiens, par l’bout d’la miquette, le premier de nous deux qui lâchera fera pas trem-pette », on aime et on attend cela, ensuite, ne tombons pas dans la recherche de lendemains qui chantent, ne tombons pas dans le panneau de ceux qui nous promettent des rêves, regardons le programme économique, fiscal, social… la République irréprochable, on en a déjà goûter… et si ce n’est pas le cas, soyez assurés que ceux qui la professaient ne se sont pas priver de la goûter pour nous ! 

Puis surtout, s’ils devenaient frugaux, ce serait beaucoup moins drôle que des chopper le doigt dans le pot et les babines débordantes de confiture. Non ? 

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