Profession : amateur… de sauce, bien sûr !
Posté par gramier le 7 mai 2011
Pauvre DSK. Le buzz n’en finit pas. Que ce doit être long ! C’est une sorte de Fukushima de la communication. J’imagine déjà les innombrables coups de IPhone qu’ont dû s’échanger Khiroun, l’homme par qui le scandale…, Cambadélis le stratège façon Game Boy, le Brigadier chef Moscovisci, etc, et leur teneur.
Situation de crise oblige. Bien que la jubilation de la droite et des adversaires de DSK ait vite été réprimée, que les commentaires fussent rapidement redevenus laconiques et sobres, et même si tous les sondages continuent à être plus que d’excellents augures pour le futur candidat à la candidature socialiste, on peut déjà penser que la campagne aura un fumet de fausse sceptique. Comme nous le soulignions dans un article précédant, la classe politique a essayé de garder au maximum son sang froid, une fois n’est pas coutume. Chapeau !
En revanche, l’affolement n’en est pas moins à son comble au sein de la mosaïque des sauceurs qui entourent DSK. Chacun faisant monstre de plus de valeur et bravoure que les autres face aux accusations portées contre le futur hôte de l’Elysée, dans le cas présent, plus par les faits eux-mêmes que par les adversaires de leur champion – celui qui placera à sa table, fera pleuvoir abondamment la soupe et la sauce dans le fond des assiettes des plus méritants, dans quelques mois. Les arguments pour la défense de leur chevalier blanc attaqué injustement – lui, l’espoir, la promesse incarnée qu’un jour, le beurre et la gousse d’ail imprégneront de nouveau le jus du gigot ruisselant devant lequel il bavent et frissonnent, pauvres sauceurs au quignon désespérément sec – sont aussi dérisoires et risibles que l’argumentaire d’Anne Sinclair venu défendre le fait que son mari soit « de gauche » sur Canal+ en début d’année.
(Je suis persuadé que, pour certains l’évocation des trois lettres « DSK », doit déclencher, dans leur imagination, la vision éloquente image non plus d’un homme mais d’une énorme pintade rôtie avec ses marrons et ses cèpes et, à côté, une baguette encore chaude et croustillante… avant qu’un camarade, les voyant bien bien loin, les commissures salivant à grandes eaux, les rappelle brutalement à la réalité.)
On a envie de dire : pourquoi se débattre comme un diable dans l’eau bénite, se défendre d’un chien qui ne veut pas vous mordre ? Tout simplement parce qu’ils l’ont compris : cette erreur le marquera du sceau indélébile de la « richesse » que les Français exècrent. Et il lui sera fort compliqué de sortir de l’ornière. Estampillé un jour, estampillé toujours.
Certes, en guise de capital « bling-bling » dans le cœur des Français, Sarkozy le dépasse haut la main mais simplement parce que Sarkozy rolexe, là où DSK patekphilippe.
Et c’est sur cela que joue la cour de « maQuignons » qui viennent tous au secours de FMan. « Les amis de Sarkozy ce sont les riches, les amis de DSK ce sont les socialistes ! » lançait Moscovisci. L’ancien ministre des Relations Européennes de Jospin et collègue de DSK à Sciences-Po a d’aillleurs, comme leur ennemi Hollande, une réelle offuscation constante qui s’affiche sur son front plissé d’indignation. Il semble estimer tellement dément, impudent de la part des autres que de ne pas reconnaître que DSK mérite infiniment mieux que ces reproches bons pour le Président français mais indignes en revanche du Banquier du monde en crise : on n’a pas le droit de faire cela à celui qui prend tout de même le temps de venir s’occuper de la France alors qu’il lui serait si simple de rester saucer à Washington. Vous rendez vous comptes ? Soit… Mais alors, nous pondre un argumentaire pareil, c’est du niveau de pertinence de MAM à l’heure où elle devait rendre comptes à l’opinion de son incompétence et de son scandaleux voyage d’affaires en Tunisie. Pire, vous pouviez écouter le sauceur Urvoas nous dire qu’il était « convaincu » que le sauveur de Washington allait revenir – moi j’en suis convaincu aussi, ça nous fait une belle jambe de bois. Et d’ajouter au sujet de la Panamera qui passionne la France: « Je trouve ça incroyable. En gros il se promène dans une rue où il y a une Porsche, Strauss-Kahn a une Porsche (…) le fait est, c’est pas sa Porsche, je ne sais pas d’ailleurs ce qu’il a comme voiture, je ne suis pas certain qu’il en ait une. » Merci !
Puis en lisant d’autres articles sur la question, on apprend notamment que Patriat, Président de la Région Bourgogne, trouve les prophètes et grands prêtes du culte de FMan, dont il fait partie « balkanisés. (…) Il faudrait que ceux qui ont un contact avec lui n’aient pas que des messages négatifs vis-à-vis de nous. » Les sauceurs parlent au sauveur.
Cet appel a des accents semblables à ceux du Baron de Guéret qui, joué par l’abbé de Villecourt que Louis XVI daigne recevoir, dans « Ridicule », lançait : « Louis de France, souviens toi que c’est la noblesse qui t’a fait Roi, la vielle noblesse que tu humilies et qui s’entasse au poulailler. » Les nobliaux de province attendent les charges avec une avidité de famine – dix années à se contenter de ketchup et de mayonnaise dans les mairies, les conseils généraux et régionaux – on récuse le cordon sanitaire de la grande noblesse autour Prince qui l’éloigne du petit peuple, des relais populaires, des territoires, de ceux qui le feront roi ! A la seule différence c’est que leur verve est beaucoup moins brillante aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque.
Je ne sais comment tout cela terminera. J’espère, pour eux, le sort plus clément qu’il ne le fut pour la cour de Louis XVI… Une guerre larvée entre porte-étendards et porte-voix du chef, des groupes qui naissent dans toutes les villes de France pour apporter leurs idées fulgurantes à FMan qui, en tant que super héros, sait déjà tout, un mépris des conseillers du premier cercle parisiens, de la rancœur en Région, une insoutenable attente depuis presque un an et demi… ajoutez à cela une faute de carre aussi lamentable que coûteuse et vous avez tout les ingrédients pour faire de la mosaïque des courtisans assoiffés de gribiche, une belle pétaudière.
Pauvre Dominique… Mais que diable, allait-il faire dans cette galère ? L’aventure, se sentir vivant, le sel de la conquête, ça vaut toutes les nominations au poste de Directeur du FMI au monde… pour ceux qui l’ont été.
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