Au FN: sauce au vinaigre de père en fille
Posté par gramier le 25 avril 2011
Décidément Jean-Marie Le Pen n’a plus de tribun que la force de la voix. Ses interventions publiques, ces derniers temps nous ont montré un homme pour qui, le débat national sur la dépendance tombe à pic. Le Pen, faute de ne jamais avoir été d’une fraîcheur absolue – son obsession du passé et son fétichisme langagier quand à tout ce qui faisait référence à la période du IIIème Reich, en était une preuve – vit une Présidence d’honneur du FN en pente douce. D’aucun pourrait aisément dire que le Teddy Riner des confins de la droite – celui qui n’hésitait pas lors d’un déplacement à Mantes-la-Jolie en 1997, à aller glorieusement bousculer Annette Peulvast-Bergeal, alors candidate à la députation et qui ravit d’ailleurs le saucier pour cinq ans à Bédier – devient sénile. Il y a une ou deux semaines, il métaphorisait de manière plutôt poétique les conséquences de la politique d’immigration de l’actuel Président par l’image d’un homme se faisant « sodomiser » par les immigrés. Quelle fougue dans les termes ! Et aujourd’hui il vient tancer la chair de sa chair, la sémillante Marine qui doit avoir le même dentiste que Mélenchon d’ailleurs, M. Café-Crème, – plus ça va, plus on a l’impression, quand elle sourit, de se trouver dans un cimetière profané – car à trop vouloir « dédiaboliser le FN », elle en menace l’essence même et risque de le transformer en produit politique light. Le problème du Light c’est que c’est rarement savoureux. L’aspartame de la critique acerbe ne remplacera jamais le bon sucre bien franc de l’insulte. On entend Jean-Marie: il est difficile de comprendre que les électeurs soient plus attirés par un gentil labrador un peu fou-fou que par un rottweiler de combat enragé affublé d’une mèche et d’une moustache postiches.
La petite Marine a été prise par l’idée saugrenue de virer du parti désormais beatnik qu’elle dirige, les membres les moins présentables. Une sorte de Procès de 36 mâtinée nuit des longs couteaux pour délit de sale gueule, quelle honte ! Elle pense qu’avoir en son sein des membres qui se font prendre en photo le bras gauche en érection ne fait pas très présentable pour un parti aujourd’hui « comme les autres ». Alors Jean-Marie, qui n’est pas homme à s’arrêter au physique de ceux qu’il rencontre – même si, on peut le reconnaître, son étude approfondie et sa maîtrise des lois hautement scientifiques sur les races édictées par Vacher de Lapouge ou Gobineau ont pu parfois lui donner deux trois trucs simples et faciles pour savoir qui, parmi ses frères les hommes, devait être digne de confiance ou non – , Jean-Marie, donc, s’insurge, et parle naturellement de complot certain de malfaisants qui auraient pratiqué une intense campagne de désinformation auprès de sa jeune enfant encore dupe et malléable, arrivée bien trop jeune aux affaires malgré sa force, son talent, sa vivacité et le sang royal qui coule dans ses veines. Il est du devoir de Jean-Marie le Sage que de prévenir sa fille contre les malintentionnés qui voudraient la décrédibiliser, ceux qui lui susurrent l’idée de passer aux actes : si le FN est diabolisé c’est peut-être qu’il a quelque chose de diabolique alors « si ta main est occasion de chute, coupe là ! » surtout si c’est la gauche et qu’elle est au bout d’un bras tendu vers le ciel. Jean-Marie n’a jamais cessé de dire que son parti était injustement le fruit d’une ignoble campagne de diabolisation fomentée par « l’internationale communiste, cosmopolite, juive et maçonnique » unie dans ce but unique et obsessionnel, alors, si le parti est moins diabolique, de quoi se plaint-il ?
C’est que les méthodes ne sont pas les mêmes. Marine met en application les principes christiques : séparer le bon grain de l’ivraie, couper le membre qui est cause de chute, voir la poutre dans son œil avant la paille… etc. Jean-Marie c’est plutôt : si on te frappe la joue droite, explose la gueule au fils de p… qui a fait ça, heureux êtes vous si l’on vous insulte car vous allez pouvoir donner libre court à tous vos plus bas instincts et aurez une raison valable de ressortir les chaînes de vélo et les bats de baseball, les yeux pour œil de verre, mâchoire pour couronne en céramique…
C’est assez drôle cette situation : Papy Gâteau Le Pen, rangé des bagnoles délire toujours, fait de la rabatte du côté de l’aile dure du parti canal historique – 1933/1945 avec une petite préférence pour la période Papon, Bousquet, Laval et autres livreurs zélés d’enfants juifs français – en lançant ce message : ma fille fait le grand ménage de printemps, mais vous, mes jeunes cadres, mes nazillons chéris, soyez assurés que tout cela n’est que façade, dans le fond, nous restons bien les kamikazes de la bêtise que nous avons toujours été, bien racistes, bien anti-sémites, bien bornés, bien simplistes, bien démagos, qui se foutent royalement du pouvoir si ce n’est celui de nuisance.
Marine Le Pen elle, de l’autre côté, dédiabolise comme Tepco assainit Fukushima, par des communiqués et des annonces choc.
En charge de la com’ externe quand Papa est en charge de la com’ interne, vous l’aurez compris. Bref, le FN n’a donc en rien changé ses fondamentaux, c’est simplement une campagne de style « Pimp my car » cheap : on prend un vieux Panzer et on essaye de le repeindre en rose, de transformer les svastikas en signe Peace & Love, mais le moteur en revanche est encore celui d’origine, la haine de l’autre, de l’étranger et de la différence, et l’élément principale de l’engin reste le joli canon, dressé comme les bras de certains de ses conducteurs. Si Marine était vraiment aussi inspirée par le Christ que ses actions pourraient le laisser augurer, elle saurait qu’un arbre pourri ne peut donner de bons fruits et que la solution n’est pas de l’émonder mais bien de l’arracher, le couper et en faire un feu de joie.
Un FN Light reste un FN comme une cigarette Light, Light n’est qu’un argument marketing qui n’empêchera pas le cancer.
Pour terminer, n’oublions pas de mentionner qu’il est vraiment touchant de voir le père et la fille attablés ensemble à Bruxelles… Chez les Le Pen, la sauce a quelque chose de la tradition dynastique. C’est une vinaigrette bien aigre mais vous savez bien que peut importe le saucier tant qu’on a la sauce… Au FN : sauce qui peut !
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